vendredi 18 avril 2008

Rien que de l'eau

Les nouvelles calédoniennes sont formelles ...

La pluie grippe l'économie
La Niña calme la croissance. Les pluies incessantes depuis trois à quatre mois perturbent l’activité économique du territoire. Des secteurs sont véritablement stoppés dans leur élan.Agriculture, terrassement, ou tourisme… le manque-à-gagner cumulé, additionné aux frais liés aux dégâts dans les communes, se compte en milliards de francs.BTPSi le secteur du bâtiment arrive à compenser les retards sur les chantiers par des tranches de travaux supplémentaires autorisées par la législation, le pôle travaux publics, lui, est bien en peine. Les entreprises de VRD - Voirie Réseaux Divers - ont été stoppées dans l’élan. Les pluies augmentent par ailleurs le danger sur le terrain, « le terrible accident à Yaté en est le triste exemple » note Frédéric Quentin, président du syndicat professionnel du BTP (SP-BTP).Pour les sociétés de terrassement, alors là, « c’est l’enfer », les ouvriers ne pouvant même pas atteindre les domaines. L’activité est « vraiment arrêtée, et ne pourra réellement reprendre que bien après le mauvais temps, lorsque ce sera sec ». Conclusion, le terrassement a au moins deux mois de retard sur les programmes. Globalement, le manque-à-gagner pour le BTP « se compte en centaines de millions de francs » ajoute Frédéric Quentin. La caisse « intempéries » n’existant pas ici, « pluies = chômage ». Et les sociétés « tapent dans la trésorerie ». Les secteurs VRD et terrassement emploient environ 1 000 salariés en Calédonie.
Agriculture
A des degrés divers, les 4 à 5 000 exploitations agricoles calédoniennes sont touchées. Les arboriculteurs « ont perdu une grande part de leurs fruits », par pourrissement dans les arbres ou asphyxie des racines dans un sol trempé, note un expert. Pour certaines variétés d’agrumes (mandarine, orange…), le taux de perte atteint parfois 80 %, et sans production aujourd’hui, ces exploitants ne vont pas avoir de rentrée financière avant 2009. Vu l’état des champs, inexploitables, des maraîchers n’ont pas eu de ventes, eux, depuis décembre. Dur. « Et rien n’est lancé » ajoute le spécialiste agricole, « le risque est donc de ne pas voir de production locale avant août ! » Pour la pomme de terre, l’oignon, ou la squash par exemple. Par ricochet, autre risque : que tout le monde plante en même temps, que les récoltes arrivent au même moment sur le marché, donc que les cours s’effondrent.La pluie creuse les comptes. En temps normal, le chiffre d’affaires d’un maraîcher producteur de tomates, poivrons, choux… à la tête d’une exploitation de gabarit moyen, s’élève environ en cumul, pour la période de janvier à avril, à 4, 5 millions de francs. Or cette année, la barre des 600 000 francs est seulement atteinte. Là encore, « la perte globale se compte minimum en centaines de millions de francs » ajoute l’expert. « Si le phénomène se reproduit en 2009, le risque d’une disparition de petites et moyennes cultures est réel. »La Caisse d’assurances mutuelles agricoles (CAMA), à laquelle adhère apparemment la plupart des exploitants, réunit la semaine prochaine sa commission idoine afin d’étudier les dossiers visant une indemnisation liée aux calamités.
Mine
Les gouttes ont fait grincer la mécanique minière sans « l’impacter ». Dans ces conditions extrêmes, après s’être félicitée du « très bon comportement des bassins de protection » sur son site, la SLN note une baisse de l’activité globale sur mine de 33 % sur les trois derniers mois. Fléchissement lié bien sûr aux difficultés d’accès, risques d’extraction… Ensuite, le minerai extrait étant naturellement plus humide donc plus lourd, toute la chaîne est pénalisée, ralentie : transport par bateau, déchargement, séchage - au coût plus fort… « Nous saisonnalisons notre production à l’aide de paramètres calculés sur la moyenne des dix dernières années » remarque Daniel Marini, directeur des mines à la SLN. « Mais, forcément, nous n’avions pas prévu de telles intempéries. » D’ailleurs, « nous n’avons pas vu une période comme celle-là depuis 1991 ». Malgré tout, les contrats ont été respectés, les stocks permettant de compenser les retards.
Tourisme
Un vrai coup de frein. Faute de ciel bleu, l’activité subaquatique déguste. Après des recettes en janvier et février quasiment identiques à celles de l’an passé, « le chiffre d’affaires a chuté de 40 % en mars, et avril prend le même chemin » regrette Thierry Baboulenne, président de Nouvelle-Calédonie Plongée, l’association des centres professionnels du territoire. Une situation « épouvantable ». Même écho à Air Mer Loisirs, société de location de catamarans et de monocoques. « Catastrophique », glisse le co-gérant Michel Brasseur, également membre du groupement syndical professionnel des transports et activités nautiques touristiques. Les « annulations au dernier moment » ont fait fléchir l’activité de la société, de « 40 à 50 %, chaque mois, en mars et avril ». Les hôteliers, eux aussi, sont moroses. La fréquentation des structures du Grand Nord ou des îles a été corrigée à la baisse à compter de mi-février : « Les soucis d’Aircal avec les pistes trempées ou autres, l’impraticabilité des routes… ont entraîné un bouleversement dans les réservations », constate Edouard Xuma, président de l’association des hôteliers de Nouvelle-Calédonie (AHNC). Bref, « l’impact est non négligeable ».
Collectivités
L’addition sera (très) salée dans les communes. « Un affaissement de terrain vient de causer, chez nous, 7 millions de francs de dégâts » calcule Ghislaine Arlie, maire de Farino et présidente de l’association française des maires de Nouvelle-Calédonie. Uniquement dans son village, le total des frais s’élèverait pour le moment à 20-25 millions. Mais « j’ai des routes qui continuent à se casser. C’est catastrophique. »De son côté, l’association des maires de Nouvelle-Calédonie est en train de répertorier les dommages dans ses 23 communes adhérentes, et de tenter de chiffrer la note. Aujourd’hui, les mairies financent les travaux en urgence sur fonds propres ; certaines sont même obligées de modifier le budget principal pour dégager des crédits. Des édiles rédigent actuellement des lettres à l’attention du gouvernement local mais aussi de l’Etat, le ministère de l’Outre-Mer, visant la déclaration de catastrophe naturelle.

Bien sûr, il serait politiquement incorrect de dire que les grèves intempestives n'arrangent pas les choses ... que les blocages ralentissent l'économie et qu'il n'y a aucune motivation pour avoir une vraie et bonne production locale. Blocages, pluies, excellents prétextes pour importer massivement ... Pendant ce temps certains s'en mettent plein les poches, d'autres voient les prix flamber et d'autres n'ont même plus de travail ... quel dommage ! Et encore, la Calédonie vit sous perfusion française, imaginons qu'elle soit indépendante demain ... sur quoi compterait-elle pour remplir ses caisses? Sauf à envisager un retour massif à la vie tribale, l'indépendance reste une utopie.

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