vendredi 29 février 2008

De l'enseignement en Calédonie et de tout ce que vous ne saviez pas sur le monde océanien !

Il y a des conneries à faire quand on arrive, je les ai faites , il y a aussi des fous rire et des incompréhensions, de l'humain, quoi !

D'abord, ici quand on fait l'appel, on oublie les noms de famille imprononçables et les prénoms qui ne sont pas toujours les bons. Il y a le prénom de l'état civil et le prénom usuel et c'est bizarre, les élèves préférent s'appeler Jean-paul et Simone que Tuhea et Chamalya... allez comprendre. Il y a cependant des prénoms magnifiques: Vahinetua, Latu, etc.

Si jamais je prononçais bien le prénom et si c'était le bon, restait un obstacle: ici, pour dire oui on lève les yeux façon personne étonnée, donc ça fait 24 paires d'yeux à scruter à chaque élève appelé ! J'ai essayé de leur apprendre à lever le bras, mais c'est pas évident pour eux.

Il y a aussi des garçons qui ressemblent à des filles, c'est culturel et tout à fait admis des élèves qui font bien la différence et ne portent pas de jugement; en Polynésie, on les appelle Rae Rae. Le souci c'est que pour moi la différence est pas évidente à faire et que les prénoms ne m'aident pas, donc je les ai pris pour des filles, sans savoir si au fond c'était flatteur ou s'ils étaient trop jeunes pour assumer cette ambiguité. Assez déstabilisant !

Et puis, il y a toutes les expressions que vous ne maîtrisez pas: les élèves vous trouvent un drôle d'assôn, c'est en fait un accent! Ils cherchent leur estylo et ils peuvent pas écrire car ils sont tanbés. "Je connais faire", " je vais le dire à le prof", ...

Il y a aussi des grands classiques, les "Ta mère", et oui la mode arrive ici !

Les élèves sont également très familiers, c'est " madame, tu ...?", il faut s'habituer.

De manière générale, ils sont assez réservés quand il s'agit de répondre et détestent se mettre en avant, donc il y a peu d'agitateurs volontaires. Le risque c'est qu'avec des élèves qui ont toujours une main devant la bouche et qui parlent par signes à peine visibles... on peut s'endormir, surtout quand il fait plus de 30°C dans une salle non ventilée.

Au fait, pour dire non, ils fronçent les sourcils... c'est économique!
Sinon, pour les élèves je suis belle, c'est parce que je suis blanche et qu'ils vivent avec l'omniprésence écrasante de notre culture... alors pour eux la couleur et l'origine peuvent vite être un handicap. En plus, je ressemble à une actrice d'une série TV sur Télé Calédonie ... c'est une méchante, mais quand même!
Peut-être finalement qu'ils ressemblent à des élèves de campagne en métro il y a 20 ans ! Mais avec des problèmes d'identité et de culture autres. Ils ne se reconnaissent pas dans ce qu'on leur sert à la télé, trop différents ! Ne se reconnaissent pas non plus dans les coutumes traditionnelles ! Ces gosses sont attachants, on en fera quelque chose si les pocas les mangent pas !

2 commentaires:

Unknown a dit…

belle description, on dirait mes élèves !

Anonyme a dit…

Les cheveux longs que conservent certains garçons n'ont rien à voir avec les Rae Rae de Polynésie. En fait l'enfant devra attendre la permission de l'oncle (s'il est respecté il décidera de beaucoup d'autres épisodes de sa vie) pour les couper ce qui symbolise son passage de l'enfance à un état plus sexué plus viril souvent très attendu par le garçon .
Priscilia